Début 2012, il me faut acheminer au moulin les pièces de bois : châtaignier et chêne, stockées et débitées par Jean-Claude Guitton, propriétaire d'une scierie à la Croix-Blanche à Malville.

Les châtaigniers ont été abattus il y a trois ans dans les bois lui appartenant au Bois Renard, à Saint-Hubert et au Plessis. Ils sont prévus pour les entraits, les arbalétriers et les liens cintrés. Le chêne provient de billes destinées au bois de chauffage et rachetées à Michel Pelard du Chaillereau pour le poinçon, les blochets et la lucarne.

Marcel Bossard, compagnon charpentier de malville, s'étant proposé pour le tracé de la charpente sera prêt fin mars. En attendant, je dois préparer un emplacement au sol pour y tracer l'épure et tailler la charpente.

Devant le moulin, je prévois donc 110 Piquets de châtaignier alignés et enfoncés dans le sol et reliés entre eux par des lattes  recouvertes de  deux couches croisées de contreplaqué de 9mm, peint en blanc sur une surface 7m x 7m,  plane et de niveau. 

En Août 2009, la pierre portant la date de 1803 est intégrée à mi-hauteur entre les deux baies.

Le linteau extérieur en granit de la fenêtre du 2ème étage a été retaillé pour servir d'appui. Mais le linteau en bois à l'intérieur en très mauvais état, n'a pu être conservé. Il a été remplacé par une plate-bande en pierres de tuffeau, provenant de la restauration de la tour du pied de biche au château des ducs à Nantes à laquelle j'ai participé en 2003/2004 et sauvées du remblai.

La maçonnerie de la brèche de trois mètres est remontée à 0,80m au-dessus du deuxième plancher, c'est-à-dire à 7m au-dessus du sol.

La restauration du Moulin ne pourra commencer qu'après obtention de la déclaration de travaux. La première est refusée le 20 novembre 2008. Je dois contacter le service départemental de l'Architecture et du Patrimoine à Nantes.

L'architecte qui me reçoit m'informe que les deux moulins encore existant sur la commune sont classés au patrimoine bâti de Malville et que pour être en cohérence avec le moulin du Plessis situé au nord de la commune, le moulin de la Merlerie devra être couvert en bardeaux bois et non en ardoises.

D'autre part, je l'informe de mon intention de refaire les jambages et les linteaux des portes et fenêtre en granit comme précédemment et il m'annonce qu'il lui faut également les croquis de ces deux éléments.

Le service départemental d'Architecture et du Patrimoine émet un avis favorable le 19 février 2009 et la déclaration préalable aux travaux est acceptée par arrêté municipal le 2 mars 2009.

La restauration commence donc réellement au printemps 2009 par la taille des deux premières marches manquantes au départ de l'escalier intérieur et de la porte du rez-de-chaussée.

Des jeunes compagnons tailleurs de pierre effectuant leur tour de France sont embauchés dans mon entreprise, du début septembre 2003 jusqu'à fin juillet 2004. Trois vont intégrer nos équipes dont deux filles. Carine restera sur un chantier à Nantes, Florent plus âgé s'occupera d'une équipe pour la rénovation d'une façade à Pornichet. Quant à Aurore, elle m'aidera pour l'extension en pierres apparentes d'une villa sur le front de mer. En changeant de ville tous les un ou deux ans, le but est d'acquérir la technique, les savoir-faire, des matériaux différents dans chaque région traversée. 

Beaucoup d'entre eux, en venant à Nantes, cité des ducs de Bretagne, pensent se former au granit, matériau emblématique breton. Or, à Nantes, si le granit a été employé pour les quais, les rues, les soubassements d'édifices, c'est le tuffeau qui a été utilisé pour la cathédrale, le château, les maisons sur les quais et à l'intérieur de la ville. Nantes est une ville blanche, il suffit d'arriver par le quai de la fosse, puis l'allée Turenne et faire le tour de l'île Feydeau pour s'en rendre compte.

En restant une année dans une ville, outre la journée de travail sur le chantier pour les compagnons, le soir est consacré au cours de dessin et le samedi les rassemblent pour une oeuvre commune.

Un jour, pendant la pause déjeûner, Aurore me fait part du souci qu'ils ont à trouver un sujet pour l'année. Ils aimeraient bien travailler sur du granit mais n'ont aucun budget pour l'année en cours et personne pour les former.

Dans le même temps, j'ai en projet avec l'association du petit patrimoine de pays  à Vigneux de Bretagne : un calvaire en granit comme il s'en faisait au 18ème siècle, une croix pattée curviligne sur piédestal. 

Tous sont enthousiastes de ma proposition  et un accord est trouvé entre les deux associations. Ils viendront donc le samedi à mon atelier pour réaliser le travail, par groupes de quatre ou six, à partir de Janvier. 

Il me faut donc aménager l'atelier, rassembler les matériaux et affûter les outils, car le but est de tailler avec les outils à main employés à l'époque, à savoir : chasse, ciseau, boucharde, poinçon. Mais surtout établir les plans dont voici les détails :

Pendant quarante ans, le moulin est resté à l'abandon. D'année en année, il devient dangereux de s'y introduire et son entrée fut interdite.

La poutre supportant les meules, rongée par l'humidité du mur a cédé, entraînant dans sa chute les meules. Deux sont entières, l'une de 900kgs, l'autre d'1tonne100 se sont arrêtées sur les deux solives restantes du premier étage, posées sur chant et appuyées au mur juste au-dessus de la porte d'entrée. Les autres se sont défaites de leurs cerclages en fer et les blocs se sont répandus au sol, cassant au passage deux marches de l'escalier en granit.

Pendant vingt-cinq ans, les meules vont continuer ainsi à être adossées au mur intérieur. Au fil du temps, une brèche va s'ouvrir, partant du linteau de porte cassé au milieu jusqu'à la moitié ouest du moulin. A la fin des années 90, les fissures font 12cm de large. Il devient urgent d'y remédier sinon tout va s'écrouler.

Pour enlever les meules, une seule solution : ôter le toit de tuiles en mauvais état et accéder aux meules.  Un samedi matin brumeux de Janvier 2002, Marcel Tremblay posera son camion grue près de la maison et enlèvera le toit, les deux meules, les poutres menaçant de tomber et le linteau de la fenêtre au dernier étage.

Une première étape est franchie et représente le démarrage de l'important chantier de la rénovation du moulin.